Martin Circus : pionniers du rock français et icônes du disco

Formé en 1968, Martin Circus est l’un des tout premiers groupes français à chanter du rock en français. Au fil des décennies, le groupe a su se réinventer, passant du rock progressif au disco, tout en marquant de son empreinte la scène musicale hexagonale.

martin circus

Des débuts progressifs aux premières scènes

Le groupe se forme autour de musiciens issus de divers horizons : rock, jazz et variété. Très vite, il se fait remarquer par son style original et ses textes en français, à une époque où le rock restait majoritairement anglophone en France. Leur premier grand succès, Tout tremblant de fièvre, les propulse sur les ondes et les scènes françaises.

« Je m’éclate au Sénégal » : un hymne ensoleillé

Paru en 1971, Je m’éclate au Sénégal devient l’un des titres les plus emblématiques du combo. Ce morceau incarne parfaitement l’esprit libre et joyeux du groupe, avec une mélodie entraînante et des paroles légères évoquant le voyage et le plaisir de vivre. À une époque où les jeunes Français découvrent les charmes de l’exotisme et du soleil, le morceau fait mouche et s’impose rapidement comme un tube incontournable. Il contribue fortement à asseoir la popularité du groupe, tout en élargissant son public bien au-delà des amateurs de rock.

L’époque glam et disco : une explosion populaire

Dans les années 1970, le groupe adopte un style plus festif, d’aucuns diront plus « commercial« , flirtant avec le disco et le glam rock. Leurs tenues flamboyantes et leurs morceaux dansants séduisent cependant un plus large public. Le titre Ma-ry-lène devient un incontournable, suivi de nombreux autres tubes populaires. À l’international, leur morceau Disco Circus connaît un réel engouement dans les clubs new-yorkais.

Martin Circus : Un héritage toujours présent

Le groupe se sépare en 1987 après plusieurs changements de membres, mais son influence reste intacte. Des reformations ponctuelles ont eu lieu, notamment en 2001 et 2016, pour faire revivre leur répertoire culte. Martin Circus est aujourd’hui reconnu comme un acteur majeur de la pop culture musicale française des années 70 et 80.

martin circus

Membres de Martin Circus

Bob Brault : Basse, chant
Gérard Pisani : Saxophone, chant
Patrick Dietsch : Guitare
Jean-François Leroi : Batterie
Alain Pewsner : Guitare
Sylvain Pauchard : Claviers
Gérard Blanc : Guitare, chant
René Guérin : Batterie
Pierre-Jean Gidon : Chant
Éric Bono : Claviers

Discographie de Martin Circus

Albums studio

1969 – En direct
1971 – Acte II
1974 – No. 1 USA Hits of the 60’s
1975 – Martin ‘Disco’ Circus
1978 – Shine Baby Shine
1982 – De sang froid
1984 – Rock’n Roll Circus
2001 – Origines

Albums live

1971 – Martin Circus au Théâtre de la Musique
1975 – Acte III

Compilations

1992 – Tout tremblant de fièvre
2002 – Martin Circus Story
2015 – Référence 70

Site officiel | Facebook

Gryphon : la fusion médiévale-progressive qui défie le temps

Au cœur du foisonnement musical des années 70, certains groupes ont exploré des territoires insoupçonnés, où le rock progressif flirtait avec des traditions anciennes. Parmi eux, Gryphon s’impose comme une formation unique en son genre. Fondé en 1972 par Richard Harvey (claviers, flûtes à bec, cromorne) et Brian Gulland (basson, cromorne), le groupe britannique conjugue instrumentation médiévale, rigueur classique et audace rock pour créer un univers sonore singulier, à la frontière du temps.

Gryphon

Un parcours hors-norme, entre folk, rock et musique ancienne

Issus du Royal College of Music, Harvey et Gulland partagent une passion pour les sonorités anciennes. Très vite rejoints par Graeme Taylor à la guitare, David Oberlé à la batterie et plus tard par Philip Nestor à la basse, ils bâtissent un projet original où se rencontrent flûtes médiévales, percussions baroques, guitare électrique et envolées progressives. Leur premier album Gryphon (1973) s’oriente vers une folk acoustique raffinée, déjà enrichie d’instruments anciens comme le cromorne ou le basson, rarement entendus dans le rock.

Red Queen to Gryphon Three : l’apogée instrumentale

Sorti en 1974, Red Queen to Gryphon Three marque un tournant décisif dans la carrière du groupe. Conceptuel et entièrement instrumental, l’album s’inspire du jeu d’échecs pour construire une suite symphonique en quatre mouvements. Chaque titre illustre une étape d’un duel stratégique, métaphore d’un combat musical entre rigueur classique et exubérance rock. À l’orgue, Ernest Hart vient enrichir la palette sonore tandis que Peter Redding (contrebasse) renforce les fondations acoustiques.

Avec ses structures complexes, ses changements de signature rythmique et ses harmonies inusitées, l’album évoque tour à tour Jethro Tull, Gentle Giant ou King Crimson, tout en affirmant une identité propre. Les morceaux s’enchaînent comme une fresque médiévale psychédélique, alternant mélodies pastorales et envolées épiques.

Red Queen to Gryphon Three – Analyse piste par piste

Ce disque-concept repose sur une métaphore filée autour du jeu d’échecs, chaque morceau représentant une phase de la confrontation entre deux reines. Le tout sans paroles, mais avec une richesse orchestrale qui raconte tout, note après note.

1. Opening Move

Dès les premières secondes, le ton est donné : des motifs médiévaux aux flûtes à bec et cromornes s’imbriquent dans une structure rythmique progressive. L’entrée du clavecin et des claviers crée un contraste saisissant entre tradition et modernité. Les thèmes s’enchevêtrent, les dynamiques évoluent comme sur un échiquier. La guitare électrique de Graeme Taylor reste subtile, encadrée par les interventions élégantes du basson de Brian Gulland. C’est un début en fanfare, qui esquisse les tensions à venir.

Ambiance : une ouverture stratégique et théâtrale, entre vigilance et provocation.

2. Second Spasm

Ici, le groupe montre sa maîtrise des ruptures de ton. Un thème presque dansant, presque folk, se transforme peu à peu en une bataille rythmique complexe. La basse de Philip Nestor ancre les variations tandis que les timbales de David Oberlé renforcent la tension dramatique. On perçoit par moments une énergie plus rock, mais toujours contenue dans une esthétique de musique savante.

Un morceau plus nerveux, comme une série de manœuvres rapides sur le plateau d’échecs.

3. Lament

La pièce la plus mélancolique de l’album, comme son nom l’indique. Les instruments anciens dominent : flûte à bec, cromorne et basson se répondent avec une grâce funèbre. Le tempo ralentit, les harmonies s’assombrissent. On imagine une reine blessée ou un pion sacrifié, sur un échiquier déserté. La guitare acoustique ajoute une touche de délicatesse tragique, comme un adieu discret.

C’est la respiration émotionnelle du disque, un moment suspendu d’une grande beauté.

4. Checkmate

Le final reprend certains motifs précédents pour les tordre, les intensifier, les transformer. L’orgue d’Ernest Hart donne de l’ampleur à cette montée dramatique, renforcée par les percussions et la basse acoustique de Peter Redding. L’ensemble se fait de plus en plus intense, jusqu’à un climax éblouissant, digne d’un combat final en slow motion. La tension rythmique atteint son paroxysme, les instruments dialoguent dans un ballet maîtrisé.

Une conclusion majestueuse, comme un mat donné avec élégance et panache.

Notre avis sur cet album de Gryphon

Red Queen to Gryphon Three n’est pas qu’un album, c’est un voyage sans paroles, guidé par l’instrumentation et une narration purement musicale. Chaque piste raconte un moment de cette partie d’échecs fictive, oscillant entre tension, réflexion et bravoure. Avec cet opus, Gryphon atteint un sommet de virtuosité dans la fusion entre musique ancienne et rock progressif.

Une esthétique avant-gardiste, une reconnaissance tardive

Malgré un accueil critique favorable et une tournée en première partie de Yes, Gryphon ne rencontrera jamais un large succès commercial. Le groupe poursuivra cependant son exploration avec Raindance (1975) et Treason (1977), avant de se séparer à la fin des années 70.

Redécouverts par les amateurs de prog et les curieux de folk expérimental, les membres historiques de Gryphon se retrouvent en 2009, entamant une seconde vie scénique ponctuée de nouvelles créations. L’album ReInvention (2018) témoigne de leur persévérance créative, avec un son toujours aussi inclassable.

Gryphon aujourd’hui : l’héritage d’une singularité

À une époque où la fusion des genres est devenue monnaie courante, Gryphon fait figure de pionnier. Leur capacité à conjuguer écriture classique, improvisation rock et influences médiévales reste un cas d’école dans l’histoire du rock progressif. Red Queen to Gryphon Three demeure une œuvre-phare, souvent citée comme l’un des albums instrumentaux les plus ambitieux des seventies.

Gryphon

Membres actuels de Gryphon

Brian Gulland : basson, cromorne, claviers, chant
Graeme Taylor : guitare acoustique et électrique, chant
Dave Oberlé : batterie, percussions, chant
Clare Taylor : violon, chant
Rob Levy : basse
Andy Findon : flûtes, saxophone, clarinette

Anciens membres notables

Richard Harvey : claviers, flûtes à bec, cromorne, clavecin
Philip Nestor : basse
Malcolm Bennett (aussi connu sous Markovich) : flûtes, basse
Jonathan Davie : basse
Bob Foster : guitare
Alex Baird : batterie
Graham Preskett : violon, claviers
Keith Thompson : batterie
Rory McFarlane : basse

Discographie de Gryphon

Albums studio
1973 – Gryphon
1974 – Midnight Mushrumps
1974 – Red Queen to Gryphon Three
1975 – Raindance
1977 – Treason
2018 – ReInvention
2020 – Get Out of My Father’s Car!

Singles
1977 – Spring Song / The Fall of the Leaf

Compilations et autres parutions
1991 – The Collection
1995 – The Collection II
2002 – About as Curious as It Can Be
2003 – Glastonbury Carol
2004 – Crossing the Styles: The Transatlantic Anthology
2018 – Raindances: The Transatlantic Years Recordings (1973–1975)

Site officiel | Facebook | Youtube