Kokkinià : le heavy rock progressif grec prend une nouvelle dimension

Le label Bitume Prods annonce une sortie marquante pour cet été : The Last Are Lost From The List, le premier album du groupe grec Kokkinià, attendu le 27 juin 2025 en CD digipack et sur toutes les plateformes de streaming. Formé en 2018 au Pirée, Kokkinià se distingue par une approche audacieuse du heavy rock progressif, puisant à la fois dans le post-punk, le rock psychédélique et une lyricité brute et introspective.

kokkinia

Né dans un environnement urbain dense, le groupe transforme cette matière brute en paysages sonores chargés de tension sociale, d’identité brisée et de rage contenue. À travers des morceaux comme Whoami, Stachte ou Shelt3r, Kokkinià donne voix à une jeunesse grecque tiraillée entre héritage et désillusion. Les deux singles déjà révélés, Tromos/Thyella (2022) et Arboreal (2024), tous deux présents sur l’album, ont permis de poser les bases de ce style hybride et viscéral.

Kokkinià : un nom chargé d’histoire et de symboles

Le nom Kokkinià (Κοκκινιά en grec) fait référence à un quartier emblématique de la banlieue d’Athènes, aujourd’hui appelé Nikaia, dans la région du Pirée. Tiré du mot grec kokkino (rouge), il évoque autant la couleur que les luttes sociales. Historiquement peuplé par des réfugiés d’Asie Mineure, le quartier s’est distingué par sa forte identité ouvrière et son rôle central dans la résistance grecque pendant la seconde guerre mondiale. En adoptant ce nom, le groupe affirme un ancrage profond dans une mémoire collective faite de révolte, de douleur et de dignité.

Un album aux multiples strates sonores

Composé de neuf titres pour une durée totale de 50 minutes, The Last Are Lost From The List s’impose comme un manifeste musical dense, où riffs lourds, expérimentations atmosphériques et passages instrumentaux ciselés se mêlent à des textes poétiques et sombres. Le mix et le mastering, assurés en grande partie par David Prudent (Made In Hell Studios), garantissent une puissance sonore à la hauteur de l’ambition artistique du groupe.

Une équipe artistique engagée

Outre les membres du groupe – Vangelis R (chant), Marinos Tzaferis (guitare, claviers), Savvas Kalymnios (batterie), Andreas Moutsis et David Prudent (basse), Manos Karteris (luth) – l’album bénéficie d’un solide travail visuel signé Dimitris Kiriakos et Marianthi Lazari, renforçant l’identité forte du projet. Le graffiti de WD Street Art vient compléter cette esthétique urbaine engagée.

Une sortie attendue pour un groupe en pleine ascension

Avec cette première édition physique rendue possible par le soutien label associatif français, Kokkinià franchit une étape majeure dans sa trajectoire. Le groupe ne compte pas s’arrêter là : tournées et nouveaux enregistrements sont déjà en préparation, poursuivant leur volonté de créer une œuvre sonore unique et percutante, à l’image d’un pays en constante mutation.

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Membres du groupe Kokkinià

Vangelis R : Chant
Marinos Tzaferis : Guitare, claviers
David Prudent : Basse (album)
Andreas Moutsis : Basse (singles)
Savvas Kalymnios : Batterie, percussions
Manos Karteris : Luth

Discographie de Kokkinià

Singles
2022 – Tromos/Thyella – Digital
2024 – Arboreal – Digital

Albums studio
2022 – The Last Are Lost From The List – Digital
2025 – The Last Are Lost From The List – CD digipack (réédition via Bitume Prods)

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Jean-Luc Admin Coodoeil mai 2025©

Liquid Liquid : les pulsations hypnotiques du New York underground

À l’aube des années 1980, alors que la scène musicale new-yorkaise bouillonne de créativité et d’expérimentations, émerge un groupe aussi discret que radical : Liquid Liquid. Issu du courant no wave, ce quatuor atypique devient rapidement une figure culte pour les amateurs de sons bruts, répétitifs et dansants.

Liquid Liquid

Une alchimie rythmique

Formé en 1980, le groupe se compose de :

    • Richard McGuire : Basse
    • Salvatore Principato : Chant, percussions
    • Dennis Young : Marimba, percussions
    • Scott Hartley : Batterie

Successive Reflexes, la découverte fondatrice

Paru en 1981, l’EP Successive Reflexes marque une étape essentielle dans leur courte discographie. Plus brut encore que leurs autres productions, il se distingue par ses structures répétitives, ses textures percussives et son urgence sonore. C’est avec cet opus que j’ai découvert le groupe à sa sortie, frappé par l’intensité rythmique et la radicalité de leur approche musicale. Cet EP reste, à mes yeux, l’une de leurs expressions les plus pures et les plus immédiates.

Liquid Liquid

Leur musique, entièrement axée sur le rythme et l’énergie, abandonne la guitare au profit de lignes de basse syncopées, de percussions tribales et de voix incantatoires. Sans refrains classiques ni mélodies accrocheuses, le groupe déconstruit la musique pop au profit d’un groove hypnotique. Leurs compositions se nourrissent de funk, de dub jamaïcain, d’afrobeat et de post-punk, dans un minimalisme sonore qui les place à part dans le paysage musical de l’époque.

Le coup d’éclat “Cavern”

En 1983, le groupe publie Optimo, un EP sur le label indépendant 99 Records. Il contient le morceau « Cavern », qui deviendra leur titre emblématique. Ce morceau, porté par une ligne de basse circulaire et une batterie sèche, capte l’attention de la scène hip-hop. Si bien que Sugar Hill Records s’en inspire — sans permission — pour le tube « White Lines (Don’t Do It) » de Grandmaster Flash et Melle Mel. L’affaire judiciaire qui en découle fera date, contribuant à la chute de 99 Records malgré le succès critique du groupe.

Liquid Liquid : Une influence durable

Malgré une carrière courte (le groupe se sépare en 1985), le combo laisse une empreinte durable. Ils réapparaissent au début des années 2000, portés par l’intérêt renouvelé pour la dance-punk, incarnée par des formations comme LCD Soundsystem ou The Rapture. En 2008, le label Domino publie Slip In and Out of Phenomenon, une compilation qui réunit leurs trois EPs, des morceaux rares et des enregistrements live.

Liquid Liquid

Aujourd’hui encore, la formation incarne l’avant-garde d’une époque où New York était le laboratoire sonore du monde. Leur musique, brute, organique et intemporelle, continue d’inspirer DJs, producteurs et musiciens en quête de transe rythmique.

Discographie de Liquid Liquid

EPs

    • 1981 – éponyme
    • 1981 – Successive Reflexes
    • 1983 – Optimo

Compilations

    • 1997 – éponyme
    • 2008 – Slip In and Out of Phenomenon