2016 : Arno > Human Incognito

2016 : Arno >Human IncognitoLa dernière d’Arno, le vakidioot d’Ostende, dont je vous aurais présenté 11 albums avec cet ultime Human Incognito qui sonne comme un testament musical thérapeutique après 40 ans de carrière, 32 albums studio, dont 13 en solo et en comptant toutes ses aventures collectives allant de Freckleface à TC Matic en passant par Tjens Couter et de Charles et les Lulus à The Subrovniks ! Et je ne vous parle pas de ses duos…

Arno ouvre sur un blues au tempo lent avec l’existentialiste « I’m Just An Old Motherfucker » qui pleure les faiblesses des expériences de sa vie et de son corps qui fout le camp avec l’âge. Heureusement cela se termine en rock qui jailli comme la vie ou comme son vit.

On change d’univers avec la complainte utopique electrock sur « Please exist » et sa demande burlesque d’athéiste « Please God, please exist ».

Premier titre en français avec la ballade déglinguée « Je veux vivre » d’une métaphore à fleur de peau animalière « Je veux vivre dans un monde où les chiens embrassent les chats, et où ils dansent, ils dansent une rumba. » et au final de trompette des morts entre candeur et effronterie.

Retour au rock déjanté surgit des synthés avec « Now she likes boys » et au constat de trahison.

La ballade « Oublie qui je suis » comme un dernier signe avant la rupture. C’est sûr que si tu dis à ta future ex « J’oublierai jamais notre premier baiser quand ta langue elle rentrait, entrait dans ma bouche comme une nouille sautée », il y a peu de chances que cette aventure continue…

Sur le rock benêt et enrobé de « Never trouble trouble », l’amour fait à nouveau rage.

La basse envoutante de « Dance like a goose » nous emmène sur un solo de guitare plaintive. Très beau morceau avec un je ne sais quoi de Gainsbourg « Mieux vaut danser comme une oie, que de nager pour boire »…

Beau rock à la Stones avec « Ask me for a dance » .

A quoi peut-on s’attendre avec « Une chanson absurde » d’Arno ? Ben a un bazarock déjanté à la Arno entre musique de ouf et paroles de fou « une mouche qui tousse, un serpent qui monte sur un vélo, une vache qui danse le tango, un renard qui fume un pétard, une mouette avec des lunettes, un poisson mouillé, une moule en bonne santé… »

Avec cette dernière complainte à boire et à danser « Santé », c’est tout ce que l’on peut lui souhaiter « Et on boit à la santé de tous les cocus du monde entier » sur le mode slow.

Avec son talent sur le fil du rasoir qui lui fait marier à la perfection ironie et chatterie, blues rock et électro, ce vieil enfoiré parvient une dernière fois à nous enivrer avec sa voix lézardé.

Bravo Arno qui n’est ni « l’ Higelin ou le Tom Waits Belge » mais tout simplement, Arnold Charles Ernest Hintjens, le rocker au coeur tendre, qui mélange le flamand et l’anglais à la langue de Molière. Santé Arno

On écoute, I’m just an old motherfucker

et on termine la soirée avec :

Dance like a goose
Please exist
Santé

Discographie

Albums originaux sous le nom d’Arno

1986 : Arno
1988 : Charlatan
1990 : Ratata
1993 : Idiots savants
1995 : A la française
1999 : A poil commercial
1999 : European cowboy
2002 : Arno Charles Ernest
2004 : French bazaar
2007 : Jus de box
2010 : Brussld
2012 : Future vintage
2016 : Human Incognito

Albums sous d’autres noms

Avec Freckleface
1972 : Freckleface

Avec Tjens Couter
1975 : Who Cares
1978 : Plat Du Jour
1978 : Singles 1975-1980

Avec TC Matic
1981 : TC Matic
1982 : L’Apache
1983 : Choco
1985 : Yé Yé

Avec les lulus
1991 : Charles et les Lulus

Avec les Subrovniks
1994 : Arno & the Subrovniks – Water

Avec les white trash européen blues connection
1998 : Charles and the White Trash European Blues Connection

Autres collaborations

1986 : Arno compose et enregistre avec son groupe lors des sessions de son premier album un EP comprenant les morceaux I Don’t Play The Game Your Way et Time It Was pour Reggie.
1987 : harmonica sur The Rope’s Around Your Neck et Mannish Boy de La Muerte (album Every Soul By Sin Oppressed).
1990 : Pull-over blanc de Graziella de Michele (album Diversion pour les 10 ans de Virgin France)
1994 : harmonica sur Mannish Boy de La Muerte (album live Raw).
1995 : Arno interprète des titres de la version néerlandaise du film Toy Story de Pixar : Je bent een vriend van mij, Vreemde Dingen, Vliegen doe ik nooit et You’ve Got A Friend In Me.
1998 : La La La (album hommage à Jacques Brel Aux Suivants)
1999 : Jean Baltazaarrr (avec Beverly Jo Scott)
2000 : Ils ont changé ma chanson (avec Stephan Eicher)
2001 : harmonica sur l’album Survivant de Starflam
2001 : reprise de Be-Bop-A-Lula de Gene Vincent sur Ma Chanson d’enfance
2002 : Sarah (album hommage à Serge Reggiani Autour de Serge Reggiani)
2003 : Elle adore le noir, en duo avec Axelle Red sur le disque de duos de son coffret Axelle Red
2005 : Mirza (album hommage à Nino Ferrer On Dirait Nino)
2006 : sortie d’un album hommage à Arno avec entre autres Têtes Raides, Magyd Cherfi, Rodolphe Burger, Cali, DJ Zebra et Uminski
2006 : I don’t need a hip, I don’t need a hop avec le rappeur Faf Larage (compilation Dis l’heure Hip Hop Rock)
2007 : Hellelujah du groupe The Experimental Tropic Blues Band : harmonica sur les titres Twice Blues et Dry Whisky.
2007 : C’est quand qu’on rigole de Mell, duo sur le titre Le Trou noir
2008 : Ersatz de Julien Doré, duo sur le titre De mots
2009 : Just as You Are en duo avec Yaël Naïm (Around Robert Wyatt, album hommage à Robert Wyatt produit par l’Orchestre national de jazz)
2011: Putain putain remixé et en duo sur scène avec Stromae
2011 : L’un n’empêche pas l’autre de Brigitte Fontaine, en duo sur les titres Supermarket et Inadaptée
2013 : Pauvre diable de Julio Iglesias, sur la bande orginale du film de Guillaume Gallienne Les Garçons et Guillaume, à table 2013 : Between Up and Down, sur l’album The Fall du groupe belge Yew
2014 : Ma gonzesse sur l’album hommage à Renaud La Bande à Renaud 2
2017 : Lèche-bottes blues en duo et à l’harmonica avec Eddy Mitchell sur son album La Même Tribu

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2014 : Hubert Félix Thiéfaine > En remontant le fleuve

2014 : Hubert Félix Thiéfaine > En remontant le fleuveLa dernière avec « Stratégie de l’inespoir » du poète chanteur Hubert-Félix Thiéfaine à 66 ans et dont je vous ai déjà présenté 7 albums. Sa carrière exceptionnelle et anticonformiste de par son écriture liée aux poètes et son comportement anti commercial a été sublimée par son style musical aux influences multiples.

Avec Stratégie de l’inespoir c’est le dix-septième et dernier album studio à ce jour d’HFT, coproduit entre autre par son fils Lucas qui joue sur quasiment tout l’album de la guitare, un peu de claviers et des percussions. La plupart des compositions sont de ses musiciens Yan Péchin (Angelus- tirée de son « fameux » album inédit Itinéraire d’un naufragé), Arman Méliès (Fenêtre Sur Désert, Résilience Zéro), JP Nataf (Amour Désaffecté), Cali (Lubies sentimentales), Jeanne Cherhal (Mytilène Island), Christopher Board (Toboggan), Jean-François Péculier ( Stratégie de l’inespoir),… et ferme le ban avec une reprise du Father & Son de Cat Stevens en français !

La pochette nous montre HFT en noir et blanc, les yeux bandés comme en attente de sa propre exécution ou les yeux bandés comme pour mieux ausculter son intériorité, fouiller le passé. Force est de constater que cet album parle souvent du temps qui passe qui le pousse à fouiller sa mémoire pour comprendre le présent.

Pour ceux qui ont vu la tournée « VIXI Tour XVII » qui a suivi cet album, il chante « Des adieux » comme dernier morceau tiré de l’album « La tentation du bonheur ». Je ne peux m’y résoudre, sachant qu’un album est resté dans les tiroirs après le pétage de plomb de Scandale mélancolique « Itinéraire D’un Naufragé »…

Bien on va écouter, ce dernier album à ce jour :

On commence avec le ténébreux « En remontant le fleuve » qui comme le Styx est le point de passage des enfers. Avec ce titre magnétique à l’ambiance ténébreuse, HFT nous emmène vers les limbes. Envoûtant.

On enchaîne sur un folk avec « Angelus » qui se transforme rapidement en rock avec une magnifique montée en demi ton d’Hubert sur « Au bras de la première beauté vierge tombée des cieux ». Ce titre est un cauchemar d’enfant pris au piège de la pédophilie séminariste. Autobiographique ?

La ballade nostalgique et angélique « Fenêtre sur désert » aurait pu s’appeler baisers volés, mais c’eut été trop simple d’intituler la mélancolie des souvenirs amoureux de cette manière.

Avec « Stratégie de l’inespoir », c’est comme un regard sur sa vie amoureuse que nous chante HFT avec un certain réalisme « d’aucuns me disent rebelle et d’autres ignifugé, mais mes divagations n’ emmerdent plus personne »… Réaliste.

Puis la lourde ballade dans les ruines assassines du rêve communiste avec « Karaganda (Camp 99) » qui rend hommage aux prisonniers du goulag qui n’ont pas eut le soutien d’Aragon, d’Elsa Triolet et de Sartre qui ont préféré se bander les yeux devant le fratricide Russe. Engagé volontaire.

Hommage à la sensualité des femmes entres elles sur la « Mytilène Island » qui se caressent en ignorant les hommes. Le lyrisme des violons joue sur la douceur des lesbos. Fantasme pour tous.

Sur « Résilience zéro », Thiéfaine nous chante ses tourments d’enfance à l’école, les instituteurs semblent de la même veine que les séminaristes. Autobiographique ?

Hubert Félix laisse sa voix se moduler sur « Lubies sentimentales », comme une mélodie qui suit le rythme des paroles suaves. Entre désir et amour.

Sur « Amour désaffecté », on chevauche sur les cendres de l’amour. Lignes de voix osées.

Avec « Médiocratie » on surfe une ballade rock contre l’humain esclave de la course au progrès. Net ou pas net, telle est la question…

Sur la pop rock entrainante « Retour à Célingrad » les guitares crissent sur Stalingrad comme sur le romancier fasciste Céline. Hommage ?

Ce n’est pas encore la fin mais presque avec le vague à l’âme de la ballade mortuaire du « Toboggan ». Thiéfaine jette un regard derrière lui avant de prendre sa dernière ligne droite. «Futur qui se rétrécit».

Surprise, une reprise de Cat Stevens d’un morceau que j’ai beaucoup chanté « Père et fils » en français dans le texte. Bonus rare.

Si l’ambiance est obscure, le style sombre adopté depuis « Scandale mélancolique » se confirme comme une chape de plomb sur l’ensemble des chansons.

L’album est une incontestable réussite en ce qui concerne les textes et les compositions qui alternent rock rugueux et ballade rock.

De plus, les prise de voix que l’on avait entendue sur « Suppléments de mensonge » se confirment sur cet album. Hé oui, Thiéfaine est non seulement un superbe interprète mais aussi un vrai chanteur.

Merci Thiéfaine et reviens nous avant qu’il ne soit trop tard, on a encore besoin de toi, de ton talent, de tes délires, de tes textes, de ta présence…

Bon on écoute « En remontant le fleuve »

et puis après
Angelus
Duo Arman Méliès & Hubert-Félix Thiéfaine – Fenêtre Sur Désert 
Stratégie de l’inespoir
Karaganda (Camp 99) (Live symphonique 2015)
Résilience zéro
Amour désaffecté
Médiocratie

Discographie de Hubert Félix Thiéfaine

Albums studio

1978 : …tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s’émouvoir..
1979 : Autorisation de délirer
1980 : De l’amour, de l’art ou du cochon
1981 : Dernières balises (avant mutation)
1982 : Soleil cherche futur
1984 : Alambic / Sortie Sud
1986 : Météo für nada
1988 : Eros über alles
1990 : Chroniques bluesymentales
1993 : Fragments d’hébétude
1996 : La Tentation du bonheur
1998 : Le Bonheur de la tentation
2001 : Défloration 13
2005 : Scandale mélancolique
2007 : Amicalement blues (en collaboration avec Paul Personne
2011 : Suppléments de mensonge
2014 : Stratégie de l’inespoir

Albums en public

1983 : En concert
1986 : En concert vol.2
1988 : Routes 88
1995 : Paris-Zénith
1999 : En concert à Bercy
2002 : Au Bataclan
2007 : Scandale mélancolique tour
2012 : Homo plebis ultimae tour
2015 : Live à la Maison de la Poésie (Scène littéraire)
2016 : VIXI Tour XVII

Vidéographie

1992 : Bluesymental tour
1995 : Paris Zénith
1999 : En concert à Bercy
2007 : Scandale mélancolique tour
2012 : Homo plebis ultimae tour
2016 : VIXI Tour XVII

Récompenses

1996 : Prix de l’académie Charles-Cros
2011 : Grand prix de la chanson française de la SACEM
2012 : Victoire de la musique de l’album de chansons
2012 : Victoire de la musique de l’artiste interprète masculin de l’année
2015 : Prix de l’académie Charles-Cros

Documentaires

2005 : Sur les traces d’Hubert-Félix Thiéfaine de François Bombard, France 3 Bourgogne
2012 : Galaxie Thiéfaine : Supplément d’âme… de Dominique Debaralle et Michel Buzon, France 3 Franche-Comté

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