Bruno Karnel publie son nouvel album intitulé « Las Ilusiones »

Bruno Karnel est un musicien français que l’on peut qualifier d’artisan du « prog underground » hexagonal. Il sort un nouvel album autoproduit intitulé « Las Ilusiones » dans un style rock-alternatif, folk-rock, rock-progressif qu’il aime à désigner comme un « rock nomade ».

Son univers musical navigue entre un rock sombre et épuré, d’influences britanniques (Antimatter, Peter Hammill, Anathema…) ou françaises (Thiéfaine, Bashung…) et une pop/folk épicée de Musiques du Monde (utilisation de la mandoline, du charango péruvien, du saz turc…).

Bruno Karnel - Las Ilusiones - Mazik

Pour nous présenter son travail, Bruno Karnel a bien voulu accepter de se prêter avec délectation à l’exercice de l’auto-intervew sur Mazik ce qui évite les sempiternelles questions du style quel est ton parcours, quelles sont tes influences, etc…

1/ Tu présentes ton style comme étant du « rock nomade » ? Peux-tu nous expliquer ce que tu entends par là ?

Ce que j’appelle « rock nomade », c’est un style rock/pop (assez sombre et épuré, en ce qui me concerne), qui intègre des influences de folk et musiques du monde, en particulier d’Amérique du Sud. Il peut y avoir aussi un côté « rock progressif » aussi, dans les structures de certains morceaux, voire même un peu « Metal ». C’est très ouvert.

2/ En plus des guitares, de la basse et des claviers, tu joues de plusieurs autres instruments à cordes dans cet album. Peux-tu nous les présenter ?

Oui, ajouter de petites touches d’instruments du monde permet de colorer la musique, d’aller dans le sens d’une « invitation au voyage ». Tout le monde connaît la mandoline, bien sûr, que j’utilise sur plusieurs titres, mais on connaît généralement moins la domra, qui est sa cousine ukrainienne. Cet instrument a un son plus « boisé », si on peut dire, qui amène tout de suite des images d’Europe centrale ou d’Europe de l’Est. Je l’utilise, entre autres, sur « Osijek », le morceau d’ouverture, qui évoque la guerre serbo-croate.

J’utilise également un peu des saz (ou baglama), qui sont des luths à long manche originaires de Turquie (« Nébuleux software »), mais ma marque de fabrique est avant tout le charango, sorte de petite guitare à cordes doublées, de la Cordillère des Andes : on l’entend en particulier sur « Medialuna », « Fernweh » et « La noche se achaplina ».

3/ Peux-tu nous présenter l’équipe avec laquelle tu as réalisé « Las Ilusiones » ?

Sur « Osijek », j’ai fait appel à mon ami Ricardo Da Silva, leader du projet Metal instrumental « In Your I » (que je ne saurais trop vous conseiller), et qui joue souvent sur mes albums. Son style dur et précis correspond bien à l’ambiance de ce titre.

Sur « Medialuna » et « La Noche », il y a Antonin Smirr, du groupe Lytalk, à la basse. J’adore son approche à la fois groove et mélodique : il a vraiment tiré ces deux morceaux vers le haut. Lytalk vient d’ailleurs de sortir un nouveau single, « Sins », très conseillé également. Ils marchent bien dans ma région, en Seine-et-Marne.

Aux chœurs, il y a plusieurs apparitions de Sonia, qui est ma compagne. Sa voix se marie très bien avec la mienne, elle est très aérienne, et apporte un contraste avec le côté un peu « dur » et vindicatif de mon phrasé.

Enfin, il faut évoquer Florent Morel, l’ingénieur du son, qui a fait un boulot incroyable sur cet album en réussissant le pari d’équilibrer la puissance rock et les sonorités acoustiques. J’avais déjà travaillé avec lui sur mon album lockdown live « Evaporation des voix off » (2020), et je ferai également le prochain avec lui.

4/ Deux chansons de l’album sont chantées en nahuátl, langue indigène du Mexique. Pourquoi ce choix ?

Pour moi, chanter dans d’autres langues, c’est comme utiliser un autre instrument : cela colore, cela participe au voyage. En l’occurrence, le « Chant de Nezahualcóyotl » est un texte écrit par un prince-poète mexicain, d’une modernité incroyable. C’est bien simple, on croirait parfois lire les existentialistes, alors que ce mec a vécu au XVème siècle dans une partie du monde qu’on a longtemps essayé de faire passer pour sauvage. Et comme la langue dans laquelle il écrivait, le nahuátl, est toujours parlée par de nombreux locuteurs en Amérique centrale, j’ai réussi à trouver sur Youtube des lectures de ce poème en particulier, et je m’en suis servi pour essayer de prononcer et chanter correctement le texte. J’ai trouvé ça plus sympa que d’utiliser une traduction française. En bonus, en guise d’écho, il y a cette reprise rock de Lila Downs, « Icnocuicatl », chantée dans cette même langue. Le morceau d’origine est extrait de son premier album, « Arbor de la vida », qui a eu une influence importante sur mon parcours musical, au début. L’idée derrière tout ça est aussi de montrer la vivacité de ces langues dites indigènes, et surtout de montrer qu’il n’y a pas que l’anglais ou l’espagnol qui peuvent être utilisés pour le rock… loin de là !

5/ Peux-tu nous expliquer le choix du titre de l’album : « Las Ilusiones » ?

Il n’y a pas réellement de concept derrière ce titre. En réalité, il vient d’un voyage en Equateur : au milieu de nulle part, en pleine forêt tropicale, il y avait ce panneau de lieu-dit, tout défoncé : « Las Ilusiones ». J’ai pris une photo et, à mon retour en France, des gens m’ont dit que ce serait un super titre d’album. Ensuite, j’ai envoyé les photos à Majd Ali, le graphiste, et il en a fait cette superbe pochette, à l’ambiance très SF.

6/ Y a-t-il des artistes dont tu aimerais conseiller l’écoute à nos lecteurs ?

En tant que musicien, ça peut paraître paradoxal, on a parfois du mal à trouver le temps d’écouter de la musique… ou parfois, on sature un peu aussi et on a besoin de silence ! Mais je continue d’écouter beaucoup de choses différentes, j’adore ça et je trouve que ça fait « partie du job ». Ces derniers temps, je conseillerais fortement les albums de Molesome (projet solo du batteur/multi-instrumentiste suédois Mattias Olsson, connu pour avoir joué avec Anglagard ou White Willow) : « Are you there », en particulier, est un petit bijou pop/art rock à l’inventivité jamais prise en défaut. Dans un style plus sombre, je suis un grand fan de Kauan, groupe russe/ukrainien de post-rock/metal/shoegaze, absolument incroyable (« Ice fleet » est un must). Il y a aussi Enji, une chanteuse jazz d’origine mongole, ou Derya Yildirim, une chanteuse qui marie influences turques (elle joue du saz) et rock psychédélique, un peu à la façon « Melody Nelson » : son album tourne en boucle. Il y a tellement de bonnes choses qui sortent en ce moment, il faut juste prendre le temps de chercher un peu !

7/ Quels sont tes projets pour 2022 ?

J’aurais aimé promouvoir « Las Ilusiones » avec quelques concerts, mais c’est encore plus difficile qu’avant (vu la situation) de jouer dans de bonnes conditions. Bon, je ne perds pas espoir : j’essaierai au moins de faire quelques dates en solo acoustique. Je travaille également sur plusieurs collaborations à distance, dans des styles aussi divers que l’électronique ou le Metal. Enfin, le successeur de « Las Ilusiones » est entièrement écrit et arrangé, et je rentre en studio en février. Il y a beaucoup de super collaborations, venant d’un peu partout dans le monde, en particulier un batteur absolument incroyable. Ce sera un album plus rock, brut et sombre, mais paradoxalement plus progressif. Il devrait sortir vers octobre 2022, si tout va bien. J’espère que vous l’aimerez !

Merci Bruno, nous souhaitons bon vent à ton album 🙂

Tracklist de Las Ilusiones de Bruno Karnel

01 – Osijek (3:38)
02 – Vlak ! (3:22)
03 – Nébuleux software (3:36)
04 – Rebooting clouds (3:13)
05 – Víctor, victorieux (3:22)
06 – Medialuna (4:25)
07 – Fernweh (3:03)
08 – Chant de Nezahualcóyotl (4:26)
09 – Nuevo Eden (7:38)
10 – Calopsittes (3:22)
11 – Matamore (3:33)
12 – La noche se achaplina (4:12)
13 – Calopsittes (version acoustique – bonus track) (3:06)
14 – Icnocuicatl (reprise Lila Downs – bonus track) (3:52)

Line-up

Bruno Karnel (alias Bruno Vigneux) : chant, samples, guitares, charangos, mandoline, domra, saz, basse guitare, claviers, synthé, cajón péruvien, percussions
Ricardo Da Silva : guitare
Antonin Smirr : basse
Sonia : chant

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