Erewän – How will all this end? chronique d’un voyage contemporain

Erewän – How will all this end ?

Un peu de solfège et de saxo à l’époque du collège, un père mélomane et musicien à ses heures… c’est dans ce contexte qu’Erewän débute la guitare en autodidacte en rejouant notamment du Led Zeppelin et du Pink Floyd. Son univers musical va rapidement s’ouvrir et devenir très varié, se nourrissant de toutes les rencontres que l’artiste va faire sur son chemin.

L’une d’entre elles va cependant marquer un tournant décisif dans son histoire : la collaboration avec Alexandre Lamia va donner naissance à un premier album studio intitulé « How will all this end ? » qui sortira le 10 décembre par le biais d’Anesthetize Productions.

Envoûtant, mystérieux, et profond dans son contenu musical comme dans la teneur réflexive vers laquelle les thèmes des chansons nous plongent, ce premier album parvient sans aucun doute à affirmer son identité. Et cet opus se révèle tellement varié musicalement et conceptuellement que cette chronique va axer sa présentation sur un point de vue thématique plus que musical : pour permettre de vous introduire aux divers sujets de l’album et vous laisser l’envie de découvrir par vous-même les détails musicaux de chacune de ces histoires.

« Rising Sun on the Shore » dote ce voyage d’une ouverture instrumentale peignant mentalement une aurore irlandaise aux teintes chaudes.

Le single de l’album, « Childhoods », sur fond de gigue irlandaise prog, soulève la question de la contingence de l’existence et plus particulièrement de tous ces enfants qui naissent aux quatre coins du monde avec des cartes en mains très différentes pour affronter la vie. Que pourront-ils ou non devenir, selon ce qu’ils ont reçu dans leur enfance ? Incarneront-ils le mal, le bien, feront-ils de grandes choses, anonymes ou non, bénéfiques ou néfastes ?

« Walk Away » apporte un effet cool et jazzy accentué par la trompette, inattendue mais qui prend ici tout son sens face à la guitare qui pourrait faire penser à Mark Knopfler.

Le texte s’adresse ici directement à un individu qui représente tous ces gens à l’attitude arrogante ou agressive.

« Headline » est un moment très fort de l’album. Grave sujet que voilà, dont les paroles ont été inspirées suite à une nouvelle tuerie dans un lycée aux Etats-Unis et au visionnage de la série « 13 Reasons Why ». Erewän y présente un jeune harcelé au lycée dont la vie est devenue un enfer et va commettre un massacre. Attention, l’artiste ne justifie pas une telle barbarie, ni ne la cautionne ou ne l’excuse. Il est surtout question ici de dénonciation et d’interrogation sur l’absurdité d’un drame qui aurait pu être évité en amont.

Nous parlions de l’Irlande… contrée peuplée de légendes féeriques et variées… « The Banshee’s Keening » s’attarde sur cette créature maudite plus que maléfique messagère de la mort et sur sa lamentation résonnant comme si elle était désolée du contenu de son message.

En effet, son hurlement signifie la mort imminente pour celui qui l’entend. Femme-fantôme, pâle aux longs cheveux sombres, les yeux rouges d’avoir trop pleuré, elle parcourt la lande quand la lune brille. Bref c’est lugubre, et tiré du folklore irlandais !

« Witches of the Middle Ages » : ce titre met en exergue une aversion certaine envers les dérives de la religion et l’ignorance. Les actions belliqueuses que peut avoir un humain envers un autre nous rappellent les thématiques de « Walk Away » et « Headline ». L’ambiance est naturellement celtico/moyen-âgeuse dans ce morceau entièrement acoustique, tout comme sa métrique et le choix des instruments. On y retrouve Uilleann pipes, irish flûtes, harpe.

« Twist of fate » : le revers du destin expose ici une femme qui quitte le père de ses enfants, sans haine, ni dispute, ni violence, mais simplement parce qu’elle n’éprouve plus aucun sentiment.

Une allusion à la manière dont Roger Waters fait lui-même allusion à ce genre de sentiments dans The Wall :« Day after day, love turns grey. Like the skin of a dying Man. »

Mais lui ne s’en remet pas : il se suicide. Et elle va devoir vivre avec ça. Pour la musique, pas de connotation irlandaise ici :le violoncelle annonce une certaine gravité puis le morceau n’est qu’un long crescendo à plusieurs niveaux de puissances, au fur et à mesure que la situation tourne au drame.

« Evil’s in Us » : voici une question terrible à poser : et si le diable, le mal, était tout simplement le propre de l’humain, tapis en chacun de nous, et se révélant – ou pas – selon les individus ?

Constat, il est vrai, un peu bateau, la magie s’opère pourtant bien ici. Ce titre est le morceau le plus long de l’album. Morceau à tiroirs avec un harmonica au son déchiré afin d’illustrer les déchirements, voire le chaos qu’est capable d’engendrer la nature humaine. Comment tout cela va-t-il finir ? (titre de l’album « How will all this end ? »), Sera-t-on un jour sauvé ? (de nous-même).

«  Highlands »: après tout ce chaos, un ruisseau résonne. La nature reprend ses droits, rappelant la béatitude du début d’album, et s’exprime sans parler de l’homme à présent. Il s’agit d’un morceau instrumental et contemplatif qui marque un retour aux résonances celtiques. On pourrait illustrer ce morceau uniquement par des paysages des Highlands dans lesquels le rude climat abrite aussi des visions de pure poésie. Un coup de tonnerre résonne longuement et sert de point final à cet album. Une ode à la beauté de la nature.

« How will all this end ? » s’avère finalement être un album au sein duquel on interroge, on dénonce, mais qui reste au fond profondément pacifiste.

Erewän se pose en observateur, tant de l’humain par ses travers, sa psychologie complexe, son folklore, que du naturel à travers la beauté des paysages qui nous entourent.

Cet univers mêlant à la fois prog, folk, rock et musique celtique nous fait voyager tout au long de ses 51 minutes entre riffs de guitare authentiques, violon et flûte enivrants, voix chaude et ambiances immersives. Aucun des 9 titres ne se ressemble, chacun raconte sa propre histoire en nous ramenant à la nôtre, et l’ensemble de l’opus parvient malgré tout à préserver l’essentiel : conserver sa personnalité, sans pour autant lasser les auditeurs. Un pari réussi pour cet album prometteur qui nous donne déjà envie d’accueillir son successeur.

Alexandre Lamia et Eric Bouillette ont contribué à la réalisation de cet opus mais la plupart du travail – dont l’écriture des textes et l’artwork – revient à Erewän lui-même, qui signe ici un travail d’orfèvre à la fois bien pensé et réalisé et qui mérite amplement de retenir toute votre attention : un voyage contemporain qui nous place face à l’ambiguïté de la nature humaine et à sa place dans le monde.

L’album est disponible depuis le 10 décembre via Anesthetize Productions :

How will all this end

Anesthetize Productions 

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Eric Bouillette : violon sur « Highlands »

Alexandre Lamia : guitare lead sur « Highlands »

Enregistré par Erewän & Alexandre Lamia

Mix et master par Alexandre Lamia

Artwork par Erewän.

Nine Skies dévoile deux vidéos en live stream

A l’occasion des 6 mois de leur nouvel opus, Nine Skies révèle deux vidéos en live stream: deux titres issus de 5.20, album paru le 4 Juin 2021 via Anesthetize Productions.

Les titres « Porcelain Hill » et « Wilderness » – qui accueillent respectivement Damian Wilson au chant et Steve Hackett à la guitare solo sur l’album studio – se voient donc ici ré-arrangés dans une version live stream personnelle dont le charme envoûtant reflète parfaitement l’onirisme qui se dégage de cet opus.

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Nine Skies dévoile deux vidéos en live stream - Mazik

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