Yoorim Won façonne une mémoire sonore avec IKLIM : Memory and Curve

Installée à Paris depuis plus de dix ans, la compositrice et multi-instrumentiste coréenne Yoorim Won signe avec IKLIM : Memory and Curve un premier album d’une rare profondeur. Sorti le 14 novembre 2025, ce disque inaugure une série musicale ambitieuse dans laquelle l’artiste explore l’histoire, la culture et la mémoire de différents pays à travers un langage sonore singulier, à la croisée du jazz contemporain et des musiques traditionnelles coréennes.

Yoorim Won

Yoorim Won : une musique qui attire l’oreille

Le mot IKLIM est un jeu linguistique coréen que Yoorim Won traduit par « la musique qui attire l’oreille ». Une définition qui prend tout son sens dès les premières notes de l’album. Grâce à une flûte traversière spécialement modifiée, dotée d’une embouchure coulissante, l’artiste parvient à faire glisser les notes, à imiter d’autres instruments du monde et à produire des sonorités inédites. Ce dispositif lui permet de dialoguer naturellement avec le taepyeongso, hautbois traditionnel coréen au timbre rugueux et expressif, au cœur de nombreuses compositions.

Entre traditions coréennes et jazz d’aujourd’hui

IKLIM : Memory and Curve se compose de onze pièces où se rencontrent jazz, improvisation et héritage musical coréen. Certaines compositions revisitent des chants emblématiques, comme Arirang, véritable fil conducteur de l’album, tandis que d’autres plongent dans une mémoire plus intime. L’écriture de Yoorim Won joue constamment sur les contrastes : passages méditatifs, tensions rythmiques, envolées collectives et moments de chaos maîtrisé.

Yoorim Won

La suite 500 Years Arirang illustre parfaitement cette démarche. Découpée en quatre mouvements, elle retrace symboliquement l’histoire du peuple coréen, entre paix originelle, colonisation, division et résistance. Plus loin, Habuji (Song For My Grandpa) rend hommage à son grand-père disparu, mêlant prière rituelle, pulsation cardiaque et émotion à fleur de peau. D’autres pièces, comme Taepyeong Trane, rendent hommage à John Coltrane en transposant son esprit au taepyeongso, dans un dialogue inattendu entre traditions coréennes et jazz spirituel.

Un quartet au service d’un projet fort

Pour donner vie à cet univers, Yoorim Won s’est entourée de musiciens issus de la scène jazz émergente parisienne, tous formés au Centre des Musiques Didier Lockwood. Le quartet développe une interaction fluide, alternant écriture précise et espaces d’improvisation, avec une attention constante portée aux nuances et aux textures. Depuis septembre 2025, la pianiste Julia Perminova a rejoint le projet, renforçant encore la richesse expressive du groupe.

À la fois politique, intime et profondément sensoriel, IKLIM : Memory and Curve s’impose comme une œuvre singulière, exigeante et accessible, qui fait dialoguer les époques et les cultures sans jamais perdre son intensité émotionnelle.

Membres

Yoorim Won : Flûte traversière, hautbois coréen (taepyeongso), chant, compositions, arrangements
Nina Gat : Piano (sur l’album)
Julia Perminova : Piano
Matis Regnault : Contrebasse
Léo Tochon : Batterie

Discographie de Yoorim Won

Albums studio

2025 – IKLIM : Memory and Curve

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