2013 : Brigitte Fontaine > Crazy Horse


2013 : Brigitte Fontaine > Crazy Horse - MazikLa reine des Kékés, nous revient à 74 ans pour un dernier album majeur de provocation J’ai l’honneur d’être. Avec ce 18ème disque, Brigitte Fontaine conclue sa vie de chanteuse de manière magistrale en confessant son cœur pour nous remuer les tripes. Sur des accords rock, elle nous conte avec désinvolture, impudence et virtuosité, son univers éclaté avec son écriture jouissive comme un plaisir coupable.

Ce diamant noir, miroir de notre société, est bien évidemment accompagné par Areski Belkacem qui a composé, réalisé et arrangé la presque totalité de l’album, mis à part Jean-Claude Vannier qui est venu mettre la main à la patte sur deux titres.

Ça commence par un riff bien rock sur le premier single « Crazy Horse » qui conte l’histoire de Lola la paria qui glisse inexorablement vers les tréfonds, comme une égérie de Gainsbourg. Très beau rock.

On enchaîne avec une ritournelle orientale pour nous psalmodier des sarcasmes aux culs bénis « Au diable dieu », évidemment joyeusement anticlérical.

Avec les notes de piano éthérée de « Sur une mer gelée », les amants s’enlacent au son des violons qui se terminent comme des cris de baleines.

La jolie valse de « Delta » nous déshabille le corps de Brigitte F en portrait chinois qui finalement préfère les vieux.

Nouveau riff de rock magnifiquement déjanté avec « Les crocs » pour nous livrer un texte anti omnivore et pro bec !!! Musique de Jean-Claude Vannier

Avec cette musique que n’aurait pas renié Alain Bashung (Yan Pechin n’est pas loin), on entre dans un univers onirique avec « Amour poubelle » qui est un adieu à son compagnon qui gît dans son cercueil.

L’ode à l’île Saint louis comme une « Île au cœur d’enfant », magnifiquement orchestré et interprété avec des riffs de guitare acérés. Superbe.

La ballade de « Dîner en ville », un conte joyeux à destination des critiques divers et variés de la reine des kékés. Règlement de compte…

Avec le texte à fleur de peau « J’ai l’honneur d’être » Brigitte confesse un père… Dramatique

« La pythhonisse » n’a rien d’une voyante mais plutôt d’une brésilienne dans le bois de Boulogne sur une musique de Jean-Claude Vannier.

Le rock gay du mariage pour tous remonte à la destruction de Sodome et Gomorrhe avec « Les hommes préfèrent les hommes » vu par l’amazone Brigitte comme une fontaine de jouvence.

Avec « J’aime » on saura tout sur les envies de Brigitte le jour et même la nuit.

Sur la ballade composée comme un nocturne du « Père », l’hommage n’est pas le même que dans « J’ai l’honneur d’être ». C’est une chanson universelle pour toutes les filles à leur père.

Depuis 1966, Brigitte Fontaine nous surprends avec une discographie hétéroclite. Ses débuts avec Jacques Higelin (qui parle de trop sur scène), son troisième album « Brigitte Fontaine est folle » en 68, l’arrivée d’Areski Belkacem, son compagnon de route avec l’Art Ensemble of Chicago sur « Comme à la radio » en 70.

Mais des bijoux moins connus et peu vendus « Je ne connais pas cette homme » en 73, puis « l’incendie » en 74 et « Les églantines sont peut-être formidables » en 80, ont raison pour un moment de Brigitte Fontaine qui disparaît de la scène musicale pour écrire des romans.

Elle revient sur les ondes de Mazik en 1990 avec « French Corazon » enregistré 2 ans auparavant au Japon pour cause de persona non grata sur les ondes françaises. Puis c’est avec « Genre humain » en 95, que la presse redécouvre Brigitte Fontaine, qui reprends de facto le chemin de la scène et nous lâche quelques perles avec « Les palaces » en 97, « Kékéland » en 2001, « Rue St Louis en l’île » en 2004, « libido » en 2006, « prohibition » en 2009 et ce « J’ai l’honneur d’être » en 2013. Quel parcours pour la reine des kékés !

Discographie de Brigitte Fontaine

Albums

1966 : 13 Chansons décadentes et fantasmagoriques (arrangements de Jimmy Walter)
1968 : Brigitte Fontaine est…? (arrangements de Jean-Claude Vannier)
1970 : Comme à la radio avec Areski Belkacem et The Art Ensemble of Chicago
1972 : Brigitte Fontaine
1973 : Je ne connais pas cet homme avec Areski Belkacem
1974 : L’Incendie avec Areski Belkacem
1975 : Le Bonheur avec Areski Belkacem
1977 : Vous et nous avec Areski Belkacem
1980 : Les églantines sont peut-être formidables avec Areski Belkacem (mixé par Dominique Blanc-Francard)
1988 : French corazon (Japon) (sortie en France en 1990, puis en 1999 sous le titre Le Nougat)
1995 : Genre humain
1997 : Les Palaces
2001 : Kékéland
2004 : Rue Saint Louis en l’île (mixé par Dominique Blanc-Francard)
2006 : Libido (arrangements de Areski Belkacem, Dondieu Divin et Jean-Claude Vannier)
2009 : Prohibition (réalisation de Ivor Guest)
2011 : L’un n’empêche pas l’autre (réalisation de Ivor Guest)
2013 : J’ai l’honneur d’être (arrangements de Areski Belkacem et Jean-Claude Vannier)

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Compilations

1967 : Chansons d’avant le déluge, avec Jacques Higelin (arrangements de Jimmy Walter et Michel Colombier)
1971 : 12 chansons d’avant le déluge, avec Jacques Higelin (arrangements de Jimmy Walter et Michel Colombier)
1976 : 15 chansons d’avant le déluge, suite et fin…, avec Jacques Higelin (arrangements de Jimmy Walter et Michel Colombier)
1996 : 20 chansons d’avant le déluge, avec Jacques Higelin (arrangements de Jimmy Walter et Michel Colombier)
1999 : Morceaux de choix
2002 : Plans fixes, Long Box (3 x CDs), incluant deux inédits : Comme à la radio et J’ai 26 ans (les deux en version anglaise)
2004 : L’Essentiel

Sans oublier

16 participations à de multiples albums
13 reprises de chansons diverses
x chansons écrites pour d’autres interprètes sur 10 albums
28 chansons reprises par d’autres interprètes
24 livres
12 pièces de théâtre comme interprète
7 pièces de théâtre comm interprète et auteur
4 pièces de théâtre comme auteur
7 films comme actrice

Prix

Grand prix du disque de la chanson française de l’académie Charles-Cros pour Comme à la radio (1970)
Grand prix du disque de la chanson française de l’académie Charles-Cros pour Les Palaces (1997)
Prix d’honneur de l’académie Charles-Cros pour l’ensemble de son œuvre (2001)
Grand prix de l’humour noir pour Prohibition (2010)
Prix hommage de la création musicale décerné par la Chambre syndicale de l’édition musicale (2011)

Sur Crazy Horse, la diva fait appel à Enki Bilal pour dessiner ses fantasmes et à elle même pour écrire les paroles.

Paroles de Crazy Horse

Camisole de force
Relookée crazy horse
Je m’appelle Lola
Je suis une paria
Une XXX
L’alpha et l’omega
Ogresse seule et folle
Serpillère espagnole
Camisole de force
Relookée crazy horse
Menottée on me traine
A Fleury et a Fresne
Parce que j’ai volé
Des beafsteaks des poupées
Pour des petits enfants
Aux yeux d’anges mourants
Camisole de force
Relookée crazy horse
Je subis tous les viols
Sévices sur le sol
Co-détenue matonne
Directeur et matrone
Me gavent en m’étouffant
De gros ton pack sanglant
Camisole de force
Relookée crazy horse
Pour calmer l’armada
Je fais du close combat
Et je vais au mitard
Résidence au placard
Je suis une anémique
Sur le béton glacé
Puis je suis libérée
Un jour d’hiver givré
Mes enfants à la DAS
Et mon coeur plein de glace
J’escalade un glacier
Je tue un ouvrier
J’ère dans la banquise
Je finis au assises

Vous avez aimé, écoutez :
Amour poubelle
L’île au cœur d’enfant

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2012 : Dominique A > Rendez-nous la lumière



2012 : Dominique A > Rendez-nous la lumièreAvec ce neuvième et peut être meilleur album « Vers les lueurs », enregistré avec sa formation rock à laquelle s’ajoute un ensemble d’instruments à vents, flûtes, clarinette, basson, hautbois, cor anglais, et saxophone, « Dominique A » remporte la Victoire de la musique de l’« Artiste masculin de l’année ».

L’alchimie des instruments électriques et classiques est immédiate avec « Contre un arbre ». Magnifique morceau qui invite à écouter l’arborescence de cet album. Végétal !

Ça s’enchaîne avec le premier single « Rendez nous la lumière » qui commence par une batterie au galop, suivie d’une ensemble de guitares puissantes avant d’offrir avec légèreté les instruments à vents. Impérieux.

Les guitares-piano d’« Ostinato » martelent cette ballade au tempo lent mais au texte cryptique.

Une rencontre amoureuse inattendue synonyme d’ouverture à la vie, seulement « Parce que tu étais là ». Passionné.

Sur « Parfois j’entends des cris » ce sont les instruments à vents qui ouvrent ce rêve éveillé avant de nous offrir une rythmique de plus en plus rock…

… qui ouvre magnifiquement « Close west », comme un rock de « Noir Désir » avec des riffs de guitares sanglants et acérés. Mythique USA.

La rythmique basse tambour de « Loin du soleil » ouvre les instruments à vents, pour nous laisser divaguer sur une ballade amoureuse perdue. Romantique

La basse de « Quelques lumières » illumine progressivement ce morceau avant que l’obscurité lui fasse des signes. Entêtant

La dérive d’un frère que l’on imagine s’abandonner dans une drogue dure, chanté avec une affection rageuse mais fraternelle pour le ramener « Vers le bleu » chemin. Brown Sugar.

Une basse solide ouvre l’obsédant « La possession » pour nous lâcher les guitares avant les envolées de flûtes. Déchaînement des éléments avant l’embrasement.

Avec « Ce geste absent », il aurait mieux valu même un faux mouvement plutôt que ce geste évité. Pathétique.

Avec les 10mn de « Le convoi » qui comme un fleuve naissant amène un flot de migrants à son terme. Intense mais serein.

Avec une élégance aérienne, la basse martèle le rythme de « Par les lueurs » avant d’ouvrir les guitares en apesanteur. Cristallin.

Avec cet album « Vers les lueurs », Dominique A signe une oeuvre qui fait la part belle à la nature. Il sublime avec poésie des textes de lumières portés par la douce rencontre d’un quintet à vent et d’une rythmique rock.

C’est un disque à apprivoiser pour que le charme engendre une connivence. Mais une fois que l’enchantement vous ensorcelle, la grâce de cet album est d’une pureté cristalline.

Avec une belle carrière prolixe, Dominique A obtient non pas un graal mais la reconnaissance de ses pairs avec cette victoire de la musique. « Vers les lueurs » est l’album le plus abouti de Dominique À mon sens. Mais cela n’enlève rien à la superbe de « Remué », « Auguri » et « Tout sera comme avant ».

Paroles de « Rendez-nous la lumière » de Dominique A

On voit des autoroutes
Des hangars des marchés
De grandes enseignes rouges
Et des parkings bondés ;
On voit des paysages
Qui ne ressemblent à rien
Qui se ressemblent tous
Et qui n’ont pas de fin

Rendez-nous la lumière
Rendez-nous la beauté
Le monde était si beau
Et nous l’avons gâché
Rendez-nous la lumière
Rendez-nous la beauté
Si le monde était beau
Nous l’avons gâché

On voit de pleins rayons
De bêtes congelées
Leur peur prête à mâcher
Par nos dents vermillons ;
On voit l’écriture blanche
Des années empilées
Tous les jours c’est dimanche
Tous les jours c’est plié

Rendez-nous la lumière… (refrain)

On goûte au pieux mensonge
Des cieux embrigadés
Tant de vies sacrifiées
Pour du cristal qui ronge ;
On voit des fumées hautes
Des nuages possédés
Des pluies orange et mauve
Donnant d’affreux baisers

Rendez-nous la lumière… (refrain)

Discographie de Dominique A

1991 : Un disque sourd
1992 : La Fosette
1993 : Si je connais Harry
1995 : La mémoire neuve
1999 : Remué
2001 : Auguri
2004 : Tout sera comme avant
2006 : L’horizon
2009 : La musique
2012 : Vers les lueurs
2015 : Eleor
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