Il y a des voix qu’on n’oublie pas. Et puis il y a des voix qui nous font revenir à nous-mêmes. Celle de Lisaa Camin appartient aux deux. Avec son tout premier EP Saudade, l’autrice-compositrice-interprète toulousaine ouvre un carnet de voyage intime, entre les rives du Portugal, les ruelles de Toulouse et la lumière du Sud.
Dès les premières notes de l’intro éponyme, Saudade, on sent que ce disque ne se contente pas de raconter une histoire, il l’incarne. Loin des artifices, la production reste épurée, portée par des guitares fines, des percussions organiques et une voix qui se pose avec douceur et autorité. Lisaa Camin n’imite pas, elle s’inscrit dans une filiation musicale naturelle où la bossa nova, la variété française et des touches flamenco vibrent à l’unisson.
Chaque morceau explore un coin du cœur : L’amour est fou nous enlace avec ses harmonies sensuelles, comme un slow au coucher du soleil. Là-bas, chanté en trio de langues (français, portugais, espagnol) avec Fabian Ordonez, crée un pont entre les origines, les racines et les distances qu’on apprivoise en musique. On y entend des souvenirs, on y devine des visages.

Là où d’autres effacent les accents, Lisaa Camin les fait chanter. Dans Fais-le chanter ton accent, elle revendique la couleur locale avec fierté et tendresse. En duo avec Patrice Yan, elle offre un hymne populaire, festif et chaleureux. Le vent d’Autan souffle sur la rumba, et Toulouse devient une carte postale sonore, pleine de vie.
Le dernier morceau, Toujours là, est une déclaration d’amour discrète et bouleversante. Écrite pour son grand-père, il flotte dans cette chanson un respect silencieux, une émotion simple, nue. Lisaa y livre une prière païenne, une manière de dire merci, sans pathos. Juste la voix, la guitare, et la mémoire qui continue de chanter.
Avec Saudade, Lisaa Camin signe un EP solaire, élégant et profondément sincère. En six titres, elle réussit à faire cohabiter les héritages, les langues, les émotions. Rien de démonstratif ici, mais un art du détail, de la finesse, de l’évocation.
À écouter comme un carnet de bord écrit entre deux marées, un disque qui touche le cœur sans jamais forcer.